SPIRITSINTENT
Par Gabrielle Culand le mercredi 21 janvier 2009, 15:32 - tournages - Lien permanent
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En faisant des recherches pour Tracks sur la multiplication des yourtes en France, je suis tombée sur deux travellers anglais, Lucy et Nitsan. Ce couple voyage en camion sous le nom de Spiritsintent et fabrique des yourtes pour des campings, des festivals ou des particuliers. Cet hiver, ils se sont installés au cœur de l’Ardèche. Nous partons à leur rencontre dans l’espoir de comprendre un peu mieux les fondements de la culture néo-nomade, puisque les Anglais semblent en être les ancêtres.
Il fait nuit noire lorsque nous arrivons à la Bastide de Virac. Lucy et Nitsan ont garé leurs deux camions 4x4 Mercedes jaunes et une remorque de l’armée qui leur sert de cuisine, au milieu des bois. Ils sont installés sur le site de Canvas Chic , un camping de yourtes pour bobos, pour lequel ils vont travailler jusqu’au printemps à la confection de 14 toiles de yourtes. Ils projettent également d’élever sur le site « le palace des nomades », une yourte à deux étages qui trônera au milieu du camping et où ils souhaitent organiser une conférence sur le nomadisme avant l’arrivée des touristes. Tout un programme !
Le camping est perdu au milieu de nulle part et nous avons eu du mal à trouver le chemin. Lucy nous attend au bord de la route. Lorsqu’elle aperçoit notre camion, elle sautille comme une enfant et court dans la lumière des phares. Difficile de lui donner un âge. Je devine qu’elle a passé la trentaine à la petite ride qui marque son front. Il est 20h30 lorsque nous garons notre camion et c’est bien tard pour Lucy et Nitsan qui sont normalement déjà couchés à cette heure.
Les camions de Spiritsintent, garés sur le site du camping Canvas Chic
Lucy nous invite dans le camion de Nitsan, qui comporte un lit, un bureau en bois, un poêle, un grand tapis et quelques peaux de mouton. Chaque meuble a été fabriqué par leurs soins. Quand nous entrons dans le camion éclairé à la bougie, Nitsan est en train de sculpter une cuillère dans un morceau de bois.
Ils nous offrent à manger des céréales et des légumes au curry servis dans des bols en bois. Nous nous régalons en les écoutant. Ils pensent que notre venue est un signe, notamment du fait que je m’appelle Gabrielle, comme l’archange annonciateur. D’ailleurs, ils m’appellent tout de suite « the angel ». Pour le couple, tout événement est un signe du « spirit », l’Esprit, sorte d’énergie fondamentale. D’où leur nom « spiritsintent » qui consiste en un jeu de mot anglais signifiant à la fois « the spirit is in the tent », l’esprit est dans la tente, et « spirit’s intent », l’attention de l’esprit.
Nitsan nous explique que le jour où je les ai joints au téléphone, il a vu une buse dans le ciel et croisé une fille avec trois chiens qui faisait du stop sur le bord de la route. Tout cela fait sens pour lui, nous sommes désormais des acteurs de ce qu’il appelle la « real story » et nous devons être porteurs d’un message qui reste encore visiblement à décrypter pour lui. Le fait est que nous sommes bel et bien là pour faire un film et au vu du déroulement de la soirée, où à chaque craquement du feu, le couple se regarde d’un air entendu, comme si un message sortait du poêle, je me demande si le tournage ne va pas être un peu compliqué. Avant que nous partions nous coucher, Nitsan m’interroge sur le film : quelle est ma vision ? Je lui fais une sorte de description sociologique du phénomène des nomades, et il réitère sa question : quelle est ta vision ? Je vais me coucher en pensant à cette question, que je n’ai toujours pas résolu.
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