NOMAD'S LAND

Nomad's land est un espace de réflexion collectif autour du film éponyme de Gabrielle Culand, consacré aux jeunes nomades contemporains. Accompagnés de leurs chiens, ils parcourent la France au gré des saisons, à la fois ouvriers mobiles et utopistes libertaires. Pierre-Olivier Dittmar (chercheur en histoire, membre du collectif simple appareil), Arnaud Lambert (simple appareil), Maya Rosa (ingénieur du son) et Gabrielle Culand (réalisatrice), chacun à leur manière, échangent leurs idées sur la progression du film et vous invitent à partager votre point de vue.

vendredi 4 décembre 2009

LES MILLE NOMADES

A partir du billet de Maya Rosa, simple appareil débat de la condition nomade.

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mardi 21 avril 2009

LE STYLE D'EXISTENCE OU LA VIE POLITIQUE (d’après Michel Foucault)

foucault
Au cours du mois de janvier est sorti un ouvrage important pour notre question. Il s’agit de l’édition des tous derniers cours donnés par Michel Foucault au Collège de France en 1984. Le recueil s’intitule Le courage de la vérité. Le gouvernement de soi et des autres II (Paris, Hautes-Etudes, Seuil-Gallimard, 2009).

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samedi 28 mars 2009

CHRIS EN COULEURS

Andalousie au printemps / Chris et ses tatouages, sa vie / coquelicots dans un champ vert / mer bleue

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lundi 9 mars 2009

POUR UNE ESQUISSE DU NOMADE

cielbando
Pour approfondir encore la notion de nomadisme, je voudrais partager avec vous quelques écrits d’un autre écrivain, Kenneth White, auteur de l’essai L’Esprit nomade. Chantre du nomadisme intellectuel, ses réflexions aident à esquisser une définition du nomade et à réfléchir à la forme du film.

Errance, dérive, esprit nomade, ces mots sont pour moi trois mots clés et il y a là presque un progrès, il y a presque un mouvement en avant. L’errance d’abord, l’errance c'est-à-dire le simple plaisir de sortir, de humer le vent, de flairer les choses, de suivre des pistes, des sentiers. Je crois que dans chacun et chacune de nous, il y a ce besoin fondamental… s’ouvrir au monde, évoluer dans l’ouvert, ça c’est l’errance, l’errance au sens premier, au sens très frais du terme. Dérive, c’est déjà un peu plus complexe. Dérive, c’est dé-river, c’est quitter des rives. C’est quitter peut-être une certaine société, quitter certaines idéologies, c’est quitter, dans mon vocabulaire, certaines façons de penser, c’est quitter peut-être une civilisation, un état des civilisations, pour essayer d’aborder d’autres rives à travers un grand espace. (…) Autant dans un premier temps c’était la flânerie (…) à laquelle il faut toujours revenir. Avec dérive, on est déjà dans un espace plus exigeant, plus chercheur, on dérive pour aller quelque part, pour trouver autre chose. Avec l’esprit nomade, on est dans toute une cartographie. C’est là où j’ai commencé à écrire mes essais, c'est-à-dire des tentatives de pensée. Essayer de penser. Le nomade intellectuel essaye de suivre des pistes et essaye d’ouvrir un nouvel espace de culture, de vie, de pensée…

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mardi 3 février 2009

MAUVAIS TEMPS

Nous sommes posés dans une aire de pique-nique à côté du camion de Julie, un J5 dans lequel Bitch a élu domicile. Ce matin, nous attendons le réveil de Julie et le passage du patron qui doit les payer. Hier, nous avons filmé Bitch et Julie dans le camion qui parlent des patrons, du couple, tandis que, dehors, la pluie tombe imbibant le sol et le transformant en bourbier dans lequel nos pieds s’enfoncent. Les camions sont recouverts de boue. Quand nous les quittons, Julie s’endort brusquement.

Nous mangeons une soupe. Bitch nous rejoint, on parle en écoutant de la musique.

 

dimanche 1 février 2009

L'ANIMALITE CRITIQUE 1. le cynique et son chien

oleg kulik, i love europe

Les punks-à-chiens sont-ils les cyniques d’aujourd’hui? Si les 50 000 jeunes qui vivent dans les rues de France ont quelque chose à nous apprendre sur notre société, c’est aussi parce que cette forme de marginalité possède une profondeur historique. Toute errance se veut originale, solitaire, anomique, mais paradoxalement, elle tire sa force et son efficace d’une culture largement partagée. Première étape d’une petite histoire de l’animalisation critique, les philosophes-chiens, les cyniques.

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dimanche 1 février 2009

INTÉRIEURS

Après 5 jours passés à la montagne, nous décidons de laisser respirer Pauline et Jasmin et de rejoindre Bitch et sa bande plus au sud dans le Haut Var. Nous avons roulé tout droit vers Manosque où nous avons trouvé un hôtel dans les hauteurs de la ville, afin de nous remettre d’une semaine gelée sans douche. Après le parking, le décor de l’hôtel est rustico-kitch, et les serveurs du restaurant ressemblent à des vampires. Prendre un bain est un délice inénarrable, dormir dans un lit, un privilège inimaginable !

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jeudi 29 janvier 2009

A LA NEIGE

Retour au Monica’s Bar pour boire un coup, se réchauffer et recharger les multiples batteries vides. Nous occupons une table dans le restaurant qui n’a pas encore ouvert. C’est plus calme que le pub au sous-sol, rempli de skieurs hollandais fêtant la fin de l’après-midi. Au restaurant, nous croisons une fille qui dort dans l’un des camions stationnés sur le parking. Elle s’appelle Bertille et passe nous voir tous les matins pour nous prévenir qu’elle sort son chien. Un mâle dominant sans doute. Elle est serveuse ici, une bonne place, juste à côté du campement !

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dimanche 25 janvier 2009

DÉPART POUR LA PLAGNE

Après avoir passé quelques coups de fil, Pauline et Jasmin se sont décidés pour une destination. Ils veulent rejoindre des amies de Pauline installées à la Plagne, dans une station de ski des Alpes. Ils espèrent peut être trouver du travail là-bas. En moins d’une heure, nous disons au revoir au campement et nous partons pour la montagne.

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vendredi 23 janvier 2009

TRANSIT


Il pleut toute la journée. Pauline et Jasmin restent enfermés dans leur camion à regarder des DVDs. Ils ne savent pas où aller pour trouver du boulot. À  six heures du matin, Laurence est partie en Espagne pour acheter du tabac à tout le monde. Elle rentre tard le soir avec les provisions
Nous attendons.

vendredi 23 janvier 2009

CHANGEMENT DE CAP

Il pleut. Lucy a mal dormi et prétend ressentir un malaise chez Maya. L’interprétation permanente des signes et de nos humeurs commence à nous porter sur les nerfs. Nous avons encore eu froid cette nuit et nous sommes fatigués. Il nous faut un chauffage pour le camion. Nous partons donc avec Lucy à Barjac. En chemin, nous nous arrêtons dans une église. Lucy chante à gorge déployée au milieu de la nef. Nous trouvons tout ce qu’il faut pour le camion dans une quincaillerie : bouteille de gaz, jerricanes, couverts… Parés pour l’hiver, nous sommes prêts à poursuivre la route.

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jeudi 22 janvier 2009

THE HEART OF THE WORLD

Nous nous réveillons vers 10 heures au milieu de la forêt ardéchoise. La nuit a été très froide dans le camion. Après le petit-déjeuner, nous rejoignons Lucy et Nitsan, nos deux travellers new-age à leur campement. Ils sont déjà debout depuis quatre heures et nous disent que si nous voulons partir avec eux pour « the big journey », le grand voyage, nous devrions nous lever plus tôt…  La première journée de tournage avec Spiritsintent peut commencer….

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mercredi 21 janvier 2009

SPIRITSINTENT


En faisant des recherches pour Tracks sur la multiplication des yourtes en France, je suis tombée sur deux travellers anglais, Lucy et Nitsan. Ce couple voyage en camion sous le nom de Spiritsintent et fabrique des yourtes pour des campings, des festivals ou des particuliers. Cet hiver, ils se sont installés au cœur de l’Ardèche. Nous partons à leur rencontre dans l’espoir de comprendre un peu mieux les fondements de la culture néo-nomade, puisque les Anglais semblent en être les ancêtres.

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mercredi 14 janvier 2009

MILOU COMÉDIENNE

Depuis deux mois, Milou a quitté la route. Le projet de voyage en Inde est tombé à l’eau faute d’argent et toute sa tribu est partie en camion à la montagne, pour la saison d’hiver. Milou a été contactée pour passer un casting à Paris. Un ancien ami, comédien et metteur en scène, lui a proposé de jouer les Ingénues dans “Dormez, je le veux !” de Feydeau. Milou est donc embauchée jusqu’au 28 mars à la comédie Saint-Michel.

Aujourd’hui, je fais une série de clichés pour qu’elle puisse fabriquer son book et trouver peut être d’autres emplois de comédienne. Je la regarde qui se réinvente sur la page blanche du mur de mon salon. Tout en posant, elle me parle de son camion et de ses amis qui lui manquent, mais aussi de cette nouvelle vie qui commence et qu’elle découvre avec enthousiasme.

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lundi 15 décembre 2008

GITANS

Gitans. Et à nouveau ma racine humaine
a tremblé. Ce sont eux qui me donnent toujours la
mesure absolue de la liberté que je n'ai pas et
à laquelle j'aspire. Anarchistes d'esprit et de corps,
ils sont les princes du rien, les millionnaires du
désintérêt, prêtres de la paresse, sabliers obstinés
où le temps ne s'écoule pas.
Ils mangent la pourriture, se vêtissent d'absurde,
ils sont des martiens sur terre. Et à les voir
cheminer dans la poussière du transitoire,
c'est l'image de l'homme idéal
que je vois passer, lyrique et dédaigneuse.

Miguel Torga, Diário Douro, 1954.

dimanche 16 novembre 2008

NIETZSCHE EN ROUTE POUR ZION

Le clocher sonne onze heure sur la place de l’Eglise de Parthenay. Bitch, Little et Julie ouvrent un camion tout tagué, garé dans le noir. Trois chiens et un chiot en sortent en aboyant. Little saisit le chiot : « tu t’appelleras Zion et voici ton père, Petit Chien ». La nuit ne fait que commencer…

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samedi 15 novembre 2008

LE FILS DE MON CHIEN


Novembre. L’été est à 1000 kilomètres derrière. Little a déjà oublié les champs de tabac et la sève qui collait sur son torse et ses bras nus. La route le jette à Poitiers. Sur le parvis de la gare, il erre avec Petit Chien en attendant Bitch, qui roule des pelles à Julie. Il finit par s’asseoir sur un banc à côté d’un Kanak emmitouflé dans un anorak militaire et un keffieh. Dialogue de rue.

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mardi 11 novembre 2008

L'ACHAT DE NOTRE CAMION

Nous rentrons le cœur léger des Côtes d’Armor au volant de notre nouveau camion, un Mercedes 307 D. C’est un couple installé à Pleumeur-Gauthier, qui nous a vendu l’engin. Gérard et Mélanie habitent avec leurs deux jeunes enfants dans une maison de campagne qu’ils retapent. Ils étaient émus de nous voir prendre la route avec leur camion. Toujours difficile de se séparer de ces petites maisons sur roulette. Un chapitre de leur vie se referme. J’ai le sentiment au contraire que nous commençons vraiment le tournage. L’achat d’un camion est un passage de relai.   Mélanie et Gérard ont rempli leur devoir de mémoire avec nous, autour d’une omelette aux pommes de terre. Nous avons signé les papiers et écouté l’histoire de notre 307 qui est aussi un peu la leur.

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vendredi 7 novembre 2008

L’ANIMALITE CRITIQUE (introduction)


Par leurs pratiques, les jeunes nomades qui trainent avec des chiens tiennent un discours sur la société qui les rejette et qu’ils rejettent. Ce discours fait écho à des antécédents historiques où des pratiques semblables avaient déjà une vocation critique.

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jeudi 30 octobre 2008

L'APPROCHE (lettre à Gabrielle)

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Quelques réflexions sur le tournage et l’approche des personnes filmées, à partir de la série Profils paysans, de Raymond Depardon.

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mardi 14 octobre 2008

MESSY


Pendant les repérages de l’été, j’ai rencontré Alexie et Arthur à Aurillac. Nous avons fait une interview d’eux sous un pont, où il venaient de planter une tente de fortune. Ils nous ont beaucoup parlé de leur village d’origine, Messy, où ils ont passé leur enfance à faire du skate et à se faire courser dans les champs de betteraves par les paysans. Nous y sommes donc allés pour les filmer. Messy est une commune de 1200 habitants, situé à 10 Km de l’aéroport Charles De Gaulle et à 35 minutes de la capitale :  une rue principale, quelques pavillons, le TGV qui passe à proximité et les avions sans cesse. Arthur et Alexie s’y sentent isolés. Les transports en commun y sont inexistants, et sans permis de conduire, les adolescents passent leur journée à boire et à fumer. Lorsque nous débarquons à Messy, le village est en alerte. Alexie, Arthur et leurs amis ont marqué les murs du centre ville de pochoirs à leur effigie et le maire a crée une cellule de crise.

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vendredi 26 septembre 2008

ANCETRES

1219. Un évêque s’insurge contre une jeunesse qu’il ne comprend pas…

Tout te manque : champ, cheval, maison, nourriture, argent, vêtement. L’année s’écoule. Tu es ennemi et tyran.
Tu es paresseux et lent. Le vent froid et violent te tourmente. Ta jeunesse heureuse s’est évanouie. Corps découvert, tu couches souvent sans toit sur un lit de terre ; et on entend résonner ton ventre vide. Je passe sous silence tes crimes cachés, tant de corps que d’âme.
Ni ville, ni campagne ne t’abritent, ni un hêtre dans son creux, ni rivage, ni mer. Vagabond, tu erres par le monde.
Tu fuis les baisers maternels comme la discipline paternelle. Tu sacrifies les biens éternels aux biens éphémères ; vil et méprisé, repoussé de père et de mère, nu et sale, tu plonges entier dans l’ordure. Comme un mendiant, bon à rien, tu vagabondes sur terre et sur mer.
Ta pensée folle s’élance de tout cotés sans gouvernail. Tu ne t’appliques qu’aux choses grossières… la raison enfouie. Apostat ! tu méprises les saintes doctrines, les paroles des anciens ; tu a gaspillé les dons divins, perdu le parfum des bonnes mœurs.
Pourquoi fais-tu des éloges et trompes-tu par tes chants, ferme ta bouche et cesse de te plaire à flatter.
Ta louange n’est qu’une mauvaise fraude. Refuse de louer les misérables. Tais-toi. Que ta muse ne nuise plus à personne.

Raymond de ROCOSEL (évêque de Lodève), Invectio contro goliardos.

mardi 16 septembre 2008

NOMADES ET SÉDENTAIRES

Depuis que nous avons commencé à travailler sur ce film, je me suis beaucoup interrogée sur les rapports entre nomades et sédentaires. Le nomadisme est constitutif de notre humanité depuis des millions d’années. Sur l'échelle du temps, nous n’avons été que très brièvement sédentaires. L'homme était nomade quand il a jeté les fondations des civilisations : les outils, le feu, les langues, les arts…

Actuellement, il existe encore des peuples nomades, pasteurs ou chasseurs-cueilleurs, comme les Touaregs du nord de l’Afrique, les Aborigènes d’Australie ou les Nenets du nord-ouest de la Russie. Ces peuples, peu soucieux des frontières, sont souvent sédentarisés de force, assignés à résidence.

Mais, chassez le naturel et il revient au galop.

En effet, nous assistons aujourd'hui à un phénomène notable dans nos sociétés sédentaires. Des milliers de personnes ressentent le devoir impérieux de larguer les amarres, de se confronter aux aléas de la route et de retrouver ainsi un sens à leur vie…

Afin d'approfondir davantage, je vous invite à lire un texte tiré du livre Théorie du Voyage de Michel Onfray.


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vendredi 12 septembre 2008

JE M'APPELLE GORET, C'EST PAS DE MA FAUTE, J'AI 29 ANS.

Je suis né dans l’Essonne, mais j’ai pas vécu longtemps là-bas, vu que mes parents se sont séparés quand j’avais deux ans. J’ai passé une bonne partie de ma vie en Picardie. La Picardie, c’était chiant, beaucoup de champs et pas beaucoup de liberté, donc après on voyage. J’ai grandi à moitié à la campagne à moitié à la ville. Mon père habitait dans les banlieues de Trappes et tout ça, donc j’alternais entre 15 jours à la campagne chez ma maman et les vacances chez mon père dans des banlieues à la con. Le peu de ce que j’ai bossé, enfin légalement, c’était il y a 6 ans : les pommes. J’ai eu un BEP à la con de maintenance, pour faire plaisir à mes parents enfin celui qui restait, ma mère, et puis après je me suis arraché.

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vendredi 12 septembre 2008

JE M'APPELLE ALEXANDRE STANZEL, JE VIENS D'ALSACE ET ON ME SURNOMME PAMPS. ÇA VIENT DU COLLÈGE ET DE PAM-PAM LE LAPIN DANS BAMBI.



Le travail, j’ai jamais trop aimé, mais quand il faut, il faut ! J’ai arrêté le collège à 16 ans, j’ai fait mon CAP cuisinier, après j’ai passé un ou deux ans en cuisine, en même temps que je faisais mon CAP pâtissier, et puis après j’avais des horaires de ouf, je pouvais pas voir mes potes, rien faire, donc je me suis dit que j’allais me casser faire les saisons, parce qu’au moins, je vois mes potes tout le temps, je travaille avec eux, c’est mieux ! (…)

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mercredi 10 septembre 2008

UNE JOURNÉE DANS LES SERRES DE TABAC AVEC LA "BITCH TEAM"


Nous retrouvons Bitch à la ferme des Pons. Cela fait maintenant deux étés que je l’ai filmé pour la première fois. Bitch, après s’être séparé de Cécile, qui est partie avec son meilleur ami et son camion, s’est entouré de quatre nouveaux amis : Little, Pamps, Goret et Manu. Lorsque nous arrivons au GAEC de Fontanelle, c’est l’heure de la pause. Ils boivent quelques Picon bières avant de reprendre le travail. Mr et Mme Pons leur ont trouvé du boulot chez les voisins, à deux kilomètres de là. Cette année, avec le gel, la récolte des prunes était particulièrement mauvaise et le ramassage a été expédié rapidement. Toute la bande s’est donc rabattue sur le tabac. Avec des immigrés portugais, ils suspendent les feuilles de tabac dans de grandes serres. Il fait chaud et les feuilles irritent la peau. Tout le monde se sert les coudes pour garder le moral. Little, Bitch et Pamps savent qu’ils collectent de l’argent pour passer leur permis cet hiver et acheter leur futur camion. Goret, le punk anarchiste, est juste là pour faire un peu de caillasse. Manu veut se payer une formation de guide de pêche. Après la pause, toute la bande monte dans la camionnette des Pons, et nous traversons les champs à vive allure. Manu klaxonne comme un dératé et à l’arrière, Pamps et Goret son brinquebalés contre la tôle.

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dimanche 7 septembre 2008

LES TRAVELERS NORMANDS


J’ai rencontré Milou en Ardèche pendant l’été, dans un festival de théâtre de rue. Avec son petit ami, Vinss, elle se prélassait au soleil à la terrasse d’un café. Je leur ai expliqué le projet de mon film sur les jeunes nomades. Enthousiastes, ils m’ont alors raconté qu’ils se déplaçaient avec des amis en camion et que cette année, ils comptaient entreprendre un grand voyage en Inde, après avoir fait assez d’argent aux saisons. Ce groupe de Normands, qui pousse le voyage au-delà des frontières de l’Europe peut amener une dimension intéressante au film.
Après avoir quitté Jérôme et Estelle, je reprends donc la route  avec Maya et Zoltán, direction Tain l’Hermitage, où les travelers normands triment 10 heures par jour dans une usine d’emballage de pêches.  Nous essayons de les filmer à l’usine, mais le patron refuse catégoriquement. Les conditions de travail sont mauvaises.  Milou est fatiguée et a envie d’abandonner. Chassé par les gendarmes du parking où il s’était établi, le groupe trouve un havre de tranquillité pour le week-end,  au bord d’une rivière, en pleine campagne. Lorsque nous arrivons, il fait déjà noir et nous garons les camions le long d’un champ.

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vendredi 5 septembre 2008

RENCONTRE AUTOUR D'UNE BOÎTE DE VITESSE DÉFAILLANTE

Pendant trois jours, Estelle et Jérôme restent dans la communauté du Gard pour réparer le camion de Daniel, qu’ils viennent d’acheter. Le temps s’écoule lentement. Un paysan du coin prête l’outil nécessaire au changement de la boîte de vitesse. Sous un soleil de plomb, Estelle prend ses premiers cours de mécanique avec Jérôme. Ces trois jours passés ensemble à bichonner le véhicule soudent leur amitié. La caméra capte de manière indicible les gestes, les regards qui témoignent de l’affection qu’ils ont l’un pour l’autre. Lorsque la réparation est terminée chacun reprend sa route en solitaire. Les vies des néo-nomades se croisent et se séparent au gré des nécessités de chacun. Jérôme part faire les vendanges dans le Beaujolais et Estelle file vers la Roumanie. Peut-être que ces deux-là se croiseront à nouveau l’année suivante. Peut-être pas.

jeudi 4 septembre 2008

ESTELLE, ROUTARDE ÉCOLO, EN PARTANCE POUR LA ROUMANIE



Estelle fait des allers-retours entre son nouveau camion sous lequel Jérôme s’active à démonter le levier de vitesse, et les caravanes parquées tout autour. Le soir venu, elle monte, son paquet de roulé à la main, sur le siège avant de son Mercedes. L’interview peut commencer.
Depuis l’âge de 16 ans, Estelle chemine sur les routes de France, à pied, transportée, seule ou accompagnée. Elle vient d’achever ses études en  protection de l’environnement.  Aujourd’hui, elle a décidé d’allier son mode de vie nomade avec sa passion pour l’écologie. En Décembre, elle roulera vers la Roumanie pour faire un état des lieux environnemental.

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mercredi 3 septembre 2008

QUELQUES PLANS AVEC PAULINE


Pendant la réparation du camion, nous filmons Pauline qui se promène. La caméra ne semble pas la déranger. Elle est d’un naturel déconcertant et s’impose comme personnage secondaire, entre Estelle et Jérôme qui réparent le camion. J’aime beaucoup ce qu’elle dégage à l’image, dans ses gestes les plus simples.
23 minutes de rushes documentaire en compagnie de Pauline et sa chienne Sanka.

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mardi 2 septembre 2008

JÉRÔME ACCOMPAGNE ESTELLE DANS LE GARD POUR SON PREMIER ACHAT DE CAMION


Première journée de tournage avec Jérôme, notre mécano itinérant. Il accompagne Estelle, 22 ans, dans l’achat de son camion. Il a repéré une bonne occasion dans un petit coin perdu du Gars. Nous arrivons dans une propriété communautaire habitée par une quinzaine de personnes, où Daniel, artisan coutelier, vend son Mercedes.

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lundi 1 septembre 2008

LE TÉMOIGNAGE D'UN MÉCANO ITINÉRANT


Pendant l’été, je cherchais quelqu’un qui puisse me conseiller pour l’achat d’un camion d’occasion, outil indispensable pour le tournage de l’année à venir. Un ami clown qui vit en caravane me donne le numéro de Jérôme, dit Mouloud. Je l’ai eu plusieurs fois au téléphone au mois d’août sans jamais le rencontrer. La route est un grand réseau aléatoire.  Dans un festival de hippies en plein cœur de la Drôme, j’ai enfin croisé Jérôme. C’est un mécanicien itinérant, un spécialiste averti des problèmes de camtars, le docteur des moteurs, l’ange gardien des routards. À 29 ans, il s’est fait une clientèle de nomades en tout genre. Pas de carte de visite, pas de pub, rien que du bouche-à-oreille. Jérôme vous dépanne où que vous soyez en Europe, à condition de lui payer l’essence pour le déplacement. Entretien fleuve avec un expert de la route qui défend les valeurs humaines.

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jeudi 10 janvier 2008

LES INSOUMIS : LE DOSSIER DE PRODUCTION

Nous nous mettons d’accord avec mes producteurs, Fabrice Coat et Thomas Théry de Program33, sur une ultime version du dossier, destinée à convaincre les chaînes télé de l’intérêt du sujet. Le document final comporte une définition des grands thèmes abordés, un scénario et une note d’intention. Le film se propose d’être un portrait de génération, réalisé à partir de trois  parcours de jeunes que nous suivrons pendant un an.  J’insiste dans le dossier sur le fait que je souhaite tourner ce film sur une longue durée, afin de suivre l’évolution des jeunes que j’aurai choisis et d’avoir le temps d’établir une relation de confiance avec eux. Le “pitch” du projet a été un vrai casse-tête et doit selon les producteurs susciter une vive émotion chez les programmateurs. Nous avons intitulé provisoirement le film, Les Insoumis, mais je ne pense pas garder ce titre. Extraits.

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mercredi 5 septembre 2007

RENCONTRE À PUYMIROL

C’est le début du mois de Septembre. Je suis à la campagne dans le Lot-et-Garonne avec Maya et je poursuis l’écriture du dossier de production. Nous décidons de faire un tour à Puymirol, un village de 900 habitants à côté de la maison où nous logeons. En nous asseyant à la seule terrasse de café du coin, nous apercevons une jeune fille avec trois rottweilers en laisse. Je lui demande si je peux la prendre en photo. Julie a 20 ans, les cheveux roux et quelques tresses noires, qui lui rayent le visage. Nous passons la fin de journée avec elle. Je repense au chiffre que j’avance dans le dossier de production. Le sociologue François Chobeaux dénombre en 2007, 50 000 jeunes « errants » en France. En gros, il y aurait donc un punk à chien pour mille habitants dans l’hexagone.

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jeudi 30 août 2007

RETOUR AUX PRUNES

C’est la fin du mois d’août. Je retourne voir Bitch et les Aristonards dans le Lot et Garonne, avec Maya, ma preneuse de son. Un an s’est écoulé depuis les reportages sur les Punks à Chiens pour Tracks et je prépare un dossier de production, en vu d’un documentaire de 60 minutes sur le même sujet, pour le compte de Program 33. Nous n’avons pas de caméra. Je me suis juste équipée d’un appareil photo. Nous venons prendre des nouvelles de la bande. Que s’est-il passé pour eux en un an ?

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jeudi 2 août 2007

BITCH



Bitch est très présent dans la série pour Tracks et c’est une rencontre déterminante pour moi. Nous l’avons croisé par hasard avec Maya, alors que nous marchions dans un camping sauvage à Aurillac, à la recherche de “personnages” pour le reportage. Bitch, littéralement “chienne” en anglais, est un surnom qu’il partage avec deux autres de ses amis qui le suivent sur la route. Il s’est montré très enthousiaste à l’idée de décrire son mode de vie. Cet entretien a été réalisé sur le vif, entre deux bangs et la musique qui s’échappait du camion garé dans l’herbe. Il aurait été impossible de faire une interview posée avec un trépied et d’imposer le silence. Il y avait dans le flot de paroles de Bitch comme une urgence.

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mercredi 20 juin 2007

LES PUNKS À CHIENS : UNE SÉRIE POUR LE MAGAZINE TRACKS, DIFFUSÉE EN JUIN 2007 SUR ARTE, À L'ORIGINE DU DOCUMENTAIRE.



En juin 2006, je suis partie avec Maya Rosa, ingénieur du son, tourner un reportage sur les Punks à Chiens au festival de théâtre de rue d’Aurillac. Ce sujet m’emballait et j’ai insisté auprès de la rédaction pour que nous ne partions qu’à deux, afin de pouvoir être au plus proche de cette communauté sauvage. Après Aurillac, nous avons poursuivi le tournage aux saisons agricoles, où les jeunes travaillaient comme ouvriers. Lorsque nous somme rentrées de tournage, nous avions 40 heures de rushes. David Combes et Jean-Marc Barbieux, les rédacteurs en chef de l’émission, m’ont proposée d’en faire une série en trois épisodes, qui serait diffusée  en juin 2007. Cette série de reportages est le point de départ du documentaire que j’allais entreprendre en 2008.

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