UNE JOURNÉE DANS LES SERRES DE TABAC AVEC LA "BITCH TEAM"
Par Gabrielle Culand le mercredi 10 septembre 2008, 12:41 - tournages - Lien permanent
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Nous retrouvons Bitch à la ferme des Pons. Cela fait maintenant deux étés que je l’ai filmé pour la première fois. Bitch, après s’être séparé de Cécile, qui est partie avec son meilleur ami et son camion, s’est entouré de quatre nouveaux amis : Little, Pamps, Goret et Manu. Lorsque nous arrivons au GAEC de Fontanelle, c’est l’heure de la pause. Ils boivent quelques Picon bières avant de reprendre le travail. Mr et Mme Pons leur ont trouvé du boulot chez les voisins, à deux kilomètres de là. Cette année, avec le gel, la récolte des prunes était particulièrement mauvaise et le ramassage a été expédié rapidement. Toute la bande s’est donc rabattue sur le tabac. Avec des immigrés portugais, ils suspendent les feuilles de tabac dans de grandes serres. Il fait chaud et les feuilles irritent la peau. Tout le monde se sert les coudes pour garder le moral. Little, Bitch et Pamps savent qu’ils collectent de l’argent pour passer leur permis cet hiver et acheter leur futur camion. Goret, le punk anarchiste, est juste là pour faire un peu de caillasse. Manu veut se payer une formation de guide de pêche. Après la pause, toute la bande monte dans la camionnette des Pons, et nous traversons les champs à vive allure. Manu klaxonne comme un dératé et à l’arrière, Pamps et Goret son brinquebalés contre la tôle.

Goret, Bitch, Pamps, Little et Carla suspendent les feuilles de tabac
Lorsque nous arrivons dans les serres, la mère du propriétaire nous accueille. Elle refuse d’être filmée. Elle a peut-être 70 ans. Dernière rescapée de l’entraide familiale chez les paysans, elle prête main forte pour suspendre les feuilles. Elle donne les ordres, gantée et emmitouflée dans une blouse à manches longues. Goret, torse nu, lui demande si elle n’a pas trop chaud. « Comme tout le monde ! » répond-elle sèchement. La peau gratte. Goret dit que comme ça, il sait pourquoi il n’aime pas travailler.
Les serres chauffent comme des fours. On y étouffe. Little et Pamps ouvrent les stores des côtés contre l’avis de la patronne. Nous filmons les gestes mécaniques des quatre garçons qui sortent les feuilles de tabac hors de la remorque, y plantent des clous, pour ensuite les accrocher sur les portants en métal. Goret a un tatouage dans le dos où on lit en larges lettres « Baltringue ». Référence aux gens du cirque qui montaient les chapiteaux et servaient d’hommes à tout faire.
Bitch et Goret font une pause
Bitch, Little et Pamps travaillent vite. Le tabac qui vient d’être coupé est acheminé en tracteur par Georges, qui habite à Villeneuve-sur-Lot avec sa famille. Immigré portugais, il travaille à l’année dans les champs des environs. Il nous explique que les tâches agricoles sont mieux payées en France que dans son pays.
Georges achemine les feuilles de tabac dans la serre
Vers 19h, les garçons décapsulent quelques bières et quittent la serre pour rejoindre Manu, qui s’occupe de la récolte des feuilles dans un champ un peu plus loin. Little cueille quelques fleurs et s’asseoit sur une remorque. C’est la fin de la journée.
Little : “C’est le meilleur moment de la journée”
Le soir, autour de la table en plastique blanc des Pons, Goret et Manu discutent en prenant l’apéro :
Manu : Vous avez fait quoi aujourd’hui ?
Goret : On a fini une serre et on en a attaqué une au fond…
Manu : Les autres sont plus petites…
Goret regarde un paquet de tabac à rouler de la marque pour laquelle il travaille.
Goret : C’est marqué qu’il y a deux sortes, et récoltées avec soin ! En fait, paye tes mecs dans les bureaux qui étudient ça ! “1737”, c’est la date où ils ont soi-disant commencé.
Goret lit la notice du tabac qu’ils récoltent.
Manu : 1737, c’est les doses de goudron…
Pamps joue avec son chien qui aboie.
Goret : À force d’être dans le sud, ton chien aboie avec l’accent.
Goret : Le paysan, il sait rien à ce qu’il produit !
Manu : T’imagines combien ça fait en paquets sa serre ?
Goret : On le récolte, on l’accroche et on le fume !!! Il y a une arnaque, là…
Goret regarde le chien de Pamps qui dort par terre.
Goret : Ça, c’est un chien qui a mangé un épis de mais, il est en train de mourir… L’agriculture française c’est que des baltringues, en même temps c’était ça ou l’usine… Il y a un truc que j’ai pas compris avec les prunes, c’est qu’on les fait cuire et après on les réhydrate pour qu’elles redeviennent grosses.
Manu : C’est pour les vendre plus cher !
Goret : Super !

un commentaire
Bonjour, je suis tombé sur le trailer de votre film sur la route, qui a l’air super (j’avais déja adoré la série punk a chien), à mon grand regret je n’arrive pas a le trouver en entier. S’il est possible de m’en dire plus, merci d’avance
Pédro !
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